La Récupération Rapide Après Chirurgie et Chirurgie Ambulatoire.
Quelques soit la chirurgie articulaire des membres inférieurs arthroscopiques ou prothétiques, la récupération de l’autonomie est une demande naturelle et constante des patients en consultation.
Quand pourrai je me mettre debout ? Quand pourrai-je marcher ? Monter les escaliers ? Reprendre ma voiture ?
Toutes ces questions sont posées pour déterminer la durée d’invalidité ou de gêne consécutive à une intervention chirurgicale.
Mais d’abord faudrait-il se poser la question : Pourquoi devrais-je avoir une période d’incapacité ?
En effet les techniques chirurgicales, au fil du temps, se sont nettement améliorées et sont devenues fiables et reproductibles autorisant des reprises rapides d’activités répondant à l’attente et aux souhaits des patients . La chirurgie articulaire moderne a anticipé les besoins d’une société toujours plus active et dynamique .
Sur le chemin chirurgical qui est proposé au patient, l’acte chirurgical n’est qu’une étape, certes majeure mais intégrée parmi d’autres très importantes telle que la préparation préopératoire et l’organisation post-opératoire nécessaire à une récupération rapide et efficace.
Plus qu’un acte de chirurgie, l’intervention est un processus à mettre en place.
Tout d’abord commençons par la consultation chirurgicale pré-opératoire :
- C’est le moment privilégié où le diagnostic va être établi par le chirurgien, où une proposition chirurgicale peut être dessinée : pose d’une prothèse articulaire, chirurgie ligamentaire ou arthroscopie.
- Puis la conversation va s’orienter vers l’analyse des bénéfices et des risques qu’un acte chirurgical peut engendrer. Le chirurgien expliquera au patient les risques de complications ce qui motivera la réalisation d’un bilan préopératoire afin de déterminer les écueils à éviter, les soucis à régler afin d’amener le patient en bonne santé avec des risques minimum au jour J de l’intervention.
Mais ce n’est pas suffisant :
Si un patient accorde sa confiance au praticien, souvent c’est envers lui-même que sa confiance n’est pas acquise . Le doute sur sa capacité à surmonter l’opération chirurgicale s’insinue dans son esprit : Vais-je en être capable ? Pourrai-je réaliser tous les mouvements indispensables à ma vie ?
Le praticien doit donner confiance à son patient, percevoir sa motivation, lui expliquer son diagnostic , l’intervention chirurgicale que l’on peut avoir à réaliser , afin qu’il puisse cerner l’ensemble de son problème et
en devenir un acteur et non plus un témoin.
Il faut donc informer cet acteur du rôle qu’il aura à jouer , des efforts qu’il aura à fournir avant l’intervention chirurgicale, et surtout de ceux à produire dès l’opération terminée afin qu’il n’y ait pas de rupture d’autonomie trop importante et que la qualité de vie puisse être conservée et surtout rapidement améliorée.
La part de prise en charge est donc :
- Chirurgicale bien sûr dans cette étape décisive au bloc opératoire,
- Médicale dans le bilan pré-opératoire dans la recherche d’un foyer infectieux (notamment dentaire) , mais aussi anesthésique et cardiologique .
- Fonctionnelle dans l’explication des efforts qu’il faudra réaliser soi-même pour rééduquer son articulation , bien sûr aidé du kinésithérapeute.
- Psychologique afin que le patient arrive motivé, avec toute l’énergie nécessaire pour supporter l’événement chirurgical et les efforts qui en découlent.
Il est donc facile de comprendre que
le résultat final et le succès dépendent d’une prise en charge globale et pluridisciplinaire.
Une organisation s’élabore autour de l’opération afin de réaliser un service chirurgical efficace permettant au patient de récupérer le plus tôt possible :
La Récupération Rapide Après Chirurgie ou Récupération Améliorée Après Chirurgie .
La RRAC ou RAAC :
L’analyse exhaustive que je viens de faire de la période périopératoire est nécessaire afin d’envisager cette récupération rapide après chirurgie qui au mieux s’organise dans le cas d’une chirurgie ambulatoire.
Tous les paramètres évoqués, chirurgicaux ,médicaux, psychologiques, fonctionnels, doivent donc être intégrés dans un temps réduit, nécessairement bien organisé , permettant lors d’une hospitalisation courte ou ambulatoire d’obtenir les meilleurs résultats fonctionnels possibles.
Il est donc indispensable que la période pré-opératoire , souvent de plusieurs semaines , soit le moment propice pour s’organiser tous , le patient et les professionnels de santé.
Des réunions peuvent s’organiser permettant de réunir des groupes de patients opérés :
La journée préopératoire : informer , éduquer , échanger pour >> former , prévoir et organiser .
La confrontation des patients avec le personnel soignant, infirmière de coordination de soins, rééducateur, chirurgien , est un moment important où des informations peuvent être échangées , où s’améliore la formation des patients , la prise en charge gagne alors en confort , qualité et prépare un retour serein à domicile.
La journée opératoire :
C’est le grand jour, néanmoins l’organisation préopératoire doit avoir agi pour vous mettre en confiance. Les techniques chirurgicales sont désormais bien rôdées fiables reproductibles, les mesures d’anesthésie, de soulagement de la douleur désormais bien entrées dans les usages. Des infiltrations d’antalgiques, d’anti-inflammatoires et d’agents limitant le saignement sont réalisées sur l’articulation opérée par le chirurgien en fin d’intervention. La douleur post-opératoire doit être parfaitement contrôlée, afin de donner un réveil satisfaisant et confortable mais surtout aussi pour permettre au patient de se rééduquer dès la fin de l’intervention . La meilleure façon d’être rassuré c’est encore de mobiliser son articulation normalement sans difficulté. Aucun délai ni restriction n’est désormais nécessaire dans cette chirurgie , que ce soit la pose de prothèse articulaire de hanche ou de genou, de ligamentoplastie ou d’arthroscopie, les articulations sont opérées pour être fonctionnelles immédiatement :
La chirurgie Plug and Play
La rééducation débute donc dès la salle de réveil bien avant votre retour à votre chambre. Le kinésithérapeute passera vous voir pour rééduquer l’articulation et vous aider à reprendre la marche immédiatement.
Au cours de l’hospitalisation :
Vous serez bien sûr surveillé et encouragé par votre chirurgien, conseillé , éduqué et aidé par le kinésithérapeute.
L’infirmière de coordination de soins saura avec vous organiser votre retour, vérifier vos ordonnances, les prises de rendez-vous de kinésithérapie, infirmiers , avec votre médecin traitant, et bien sûr les consultations de suivis post-opératoires avec votre chirurgien. Une bonne part de cette organisation sera déjà effectuée en amont , c’est-à-dire avant même l’intervention chirurgicale, à partir de notre secrétariat ou lors de la journée pré-opératoire.
La place de la Chirurgie Ambulatoire :
Alors peut-on organiser toute chirurgie articulaire dans un temps aussi réduit que sur une simple journée c’est-à-dire en ambulatoire ?
Pour beaucoup d’interventions oui cela est possible et c’est déjà le cas dans notre pratique quotidienne. La très grande majorité des arthroscopies sont réalisées en ambulatoire, beaucoup de ligamentoplasties de remplacement du ligament croisé antérieur le sont aussi.
Pour ce qui est de la chirurgie prothétique articulaire (pose de prothèse de hanche, pose de prothèse de genou), l’organisation de l’intervention dans un cadre ambulatoire nécessite de bien cerner la volonté du patient, de bien évaluer son dossier médical ; l’âge, le terrain vasculaire cardiaque et pulmonaire sont à prendre en compte, de même ses capacités réelles à surmonter l’intervention et à reprendre une bonne autonomie . Son accueil à domicile est-il assuré ? Est-il bien entouré ? Par qui ? Le patient a-t-il des moyens de communication ? Où habite-il , dans une zone urbaine ou isolé à la campagne ?
Oui la chirurgie articulaire prothétique peut s’organiser en ambulatoire mais sous des conditions particulières qu’il faudra aborder avec le patient .
Il n’est pas question d’envisager de façon systématique la pose de prothèses articulaires en ambulatoire : L’ambulatoire pour l’ambulatoire comme nouveau dogme chirurgical peut paraître hasardeux voir dangereux, il faut donc évaluer au cas par cas sa possibilité réelle de réalisation.
Si le choix de la pose d’une prothèse articulaire en ambulatoire est retenue, le patient aura bien sûr intérêt à suivre le chemin décrit ci-dessus de la Récupération Rapide Après Chirurgie. À tout moment cette organisation ambulatoire peut être interrompue pour une hospitalisation de quelques jours. Lors du retour à domicile après une chirurgie ambulatoire, l’infirmière de coordination de soins prendra contact téléphonique avec le patient à plusieurs reprises selon un calendrier bien établi pour évaluer avec lui ses douleurs, la présence d’une fièvre suspecte ou non , évaluer ses progrès tant sur le plan fonctionnel que sur le plan chirurgical, bref assurer la surveillance d’un certain nombre de critères et paramètres qui peuvent amener le patient à être rassuré ou l’inciter à revoir plus rapidement son chirurgien. La chirurgie ambulatoire est donc aussi une organisation post-opératoire qui fait que
le fils chirurgical n’est jamais rompu.